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La numérisation des entreprises françaises progresse mais doit encore accélérer

Actualité | Publié le 06 juillet 2022 | Mis à jour le 08 juillet 2022

Photo illustrative

Le nouveau baromètre sur la maturité digitale en France publié par le Medef en partenariat avec le cabinet BCG montre que les entreprises françaises ont accéléré leur numérisation dans le cadre de la crise du Covid mais restent globalement en retard au niveau européen. Les freins identifiés à l’adoption des outils numérique sont un manque de personnel qualifié ainsi que des difficultés de financement.

Le Medef en partenariat avec le cabinet de conseil Boston Consulting Group (BCG) publie, à l’occasion du salon Viva Tech, la 2ème édition de son baromètre sur la maturité digitale en France. Cette étude vise à analyser les conséquences de la crise Covid sur la numérisation des entreprises. Le sondage qui a porté sur 173 entreprises, majoritairement des TPE et PME, étudie  leurs actions et leurs ressentis vis-à-vis de la numérisation.

L'usage du numérique au sein des entreprises a progressé

La crise du Covid a exacerbé les besoins des entreprises envers le numérique.

Pour garder le contact avec leurs clients et continuer à vendre

Si l'effort a porté en priorité sur la communication, 55% des entreprises concernées interrogées ont mis en place de nouveaux modes de commercialisation et / ou de publicité avec la crise :

  • 26 % ont mis en place au moins un nouveau mode de commercialisation (click and collect, livraison à domicile, vente sur une plateforme d’e-commerce) ;
  • 29 % ont uniquement renforcé leur présence en ligne ;

Mais 45 % n’ont rien changé !

Pour travailler et s’organiser dans un contexte de télétravail généralisé

80 % des entreprises interrogées en mis en place des outils dédiés pour permettre le travail à distance.

Et pour faire face à l’explosion du nombre de cyberattaques qui ciblent de plus en plus les TPE et PME, 79% des entreprises interrogées affirment avoir pris des mesures pour réduire leur vulnérabilité aux risques cyber.

Pourtant les PME restent en retard par rapport à la moyenne européenne

On estime à 55% les PME françaises qui ont un niveau « élémentaire » en intensité numérique et que seules 13% vendent sur internet. A titre de comparaison, elles sont respectivement 60 % et 17% au niveau européen.

Elles accusent aussi, par rapport aux moyennes européennes, un retard de près de 10 % en terme de présence sur le web et de vente à l’international en ligne et 5 % de retard pour ce qui est de l’utilisation du cloud.

Une situation contrastée selon les régions / secteurs

L’étude publiée par le Medef révèle aussi d’importants contrastes entre les entreprises en fonction de leur secteur d’activités et de leur localisation géographique.

Ainsi, les entreprises des services sont en moyenne plus numérisées que les entreprises des secteurs primaires et secondaires :

  • 64 % des entreprises de services ont dématérialisé la relation client contre seulement 41 % dans les autres secteurs ;
  • si 53 % des entreprises du tertiaire n’ont pas embauché de profils formés au numérique, le chiffre grimpe à 67 % pour les entreprises des autres secteurs ;
  • 36 % déclarent manquer de financement contre 47% des entreprises des autres secteurs ;
  • 44 % contre 56 % déclarent qu’elles n’exploitent pas leurs données.

Des données pas assez valorisées

Les entreprises n'utilisent toujours pas suffisamment les données pour piloter leur activité, optimiser leur processus ou améliorer leur stratégie marketing.

La crise a peu fait progresser les entreprises interrogées (surtout des PME et TPE) sur le sujet de la valorisation des données :

•    seules 21 % a démarré un projet de valorisation des données avec la crise ;

•    28 % y réfléchit ;

•    et 51 % n’a pas démarré et n’y réfléchit pas. Un chiffre qui atteint 57 % dans l’industrie  et les secteurs « traditionnels », comme l'agriculture, la construction, les transports, l'hôtellerie ou le tourisme.

La localisation géographique influe aussi sur le degré d’investissement dans le numérique. Les entreprises présentes dans les 10 départements les plus peuplés sont sensiblement en avance par rapport à leur concurrentes implantées dans les autres départements :

  • 83 % des entreprises implantées dans les 10 départements les plus peuplés ont adapté leur matériel et structure aux nouveaux outils de communication contre 78 % dans les autres départements ;
  • 57 % des entreprises implantées dans ces 10 départements ont dématérialisé leur relation client contre 48 % dans les autres départements.

Quels sont les freins à la numérisation des TPE et PME ?

Un coût d’investissement élevé pour transformer les  processus ou le modèle d'activité

Le principal frein quant à l’adoption de ces technologies est le niveau d’investissement financier nécessaire.

Si tous les entrepreneurs européens jugent les coûts d’adaptation au numérique trop élevés (49%), en France ils sont 59 % à faire ce constat.

Les difficultés à financer leur transition numérique sont ressenties différemment selon le secteur d’activité.

Si elles sont 36 % d’entreprises du secteur tertiaire à en faire état, ce chiffre atteint 47 % pour les entreprises des secteurs primaires et secondaires.

Des salariés pas suffisamment formés

Les petites et moyennes entreprises, quels que soient leur secteur d’activité, ne disposent pas de profils formés au numérique en nombre suffisant. On estime, par exemple, à 67 % le nombre de salariés capables de repérer une tentative d'hameçonnage (en anglais phishing) contre 80 % en Allemagne.

Ces difficultés sont renforcés par des difficultés de recrutement. Seules 33% des entreprises des secteurs primaires et secondaires ont recruté des profils formés au numérique depuis la crise du covid contre à 47% des entreprises du secteur tertiaire.

Ce faible taux de recrutement est lié à une pénurie de main d’œuvre qualifiée dans le numérique mais aussi dans les autres métiers. On estime que 10 000 postes restent à pourvoir chaque année pour les seuls emplois dédiés au numérique dans les PME.

Cette situation s’explique notamment par le fait qu'en France environ la moitié de la population ne dispose pas des compétences minimales pour utiliser les technologies du numérique. 

Mieux promouvoir les initiatives publiques en faveur de la numérisation des entreprises

Dans le contexte de la crise sanitaire, l’Etat a multiplié les initiatives pour venir en aide aux entreprises.  Il a notamment mis en place des aides en faveur de la numérisation à destination des des TPE et PME, à l’instar du chèque France Num ou plus récemment des Formations France Num.

Néanmoins, sa politique d’aides aux entreprises est restée trop méconnue. Ainsi 56 % des entreprises interrogées ont déclaré ne pas avoir eu connaissance de l'existence des aides du volet numérique du plan de relance du gouvernement contre 16% seulement qui connaissent bien les dispositifs. Et seules 20 % d'entre elles ont bénéficié de ces aides ou d'un accompagnement dans ce cadre selon Alexandre Aractingi, associé au BCG,  cité par Les Echos.

Alors que 42 % d'entre elles disent avoir un besoin de financement pour se numériser.

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Kerian Huertas | Licence Creative Commons BY-NC-SA 3.0 FR

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