Comment faire croître l’activité des marques de mode avec Internet et le numérique ? L’exemple des chaussettes Marchill à Roanne
Témoignage | Publié le 12 octobre 2020 | Mis à jour le 21 septembre 2023
Du prototype à la fabrication, en passant par la communication, le marketing et la vente, la jeune marque Marchill (42) utilise le numérique à plein pour se développer.
Née au mois de juin à Roanne (42), Marchill Socks est, comme son nom l’indique, une nouvelle marque de mode qui propose de véritables chaussettes façon « John McEnroe », également inspirées par l’ambiance des skaters de la Californie des années 70.
Marchill rime avec la belle histoire de Léo, ex-ostéopathe pendant 15 ans, qui a souhaité changer de vie professionnelle et revendre son affaire de salle de gym Pilates et de yoga juste au début du confinement.
Créer sa marque de mode
Pour ce passionné de sport de glisse et fan de musique, l’idée a germé de redonner du sens au travail avec une aventure entrepreneuriale et créative.
L’an dernier, il lance ainsi l’association locale FlexyFamily pour faire découvrir les sports de glisse et donc l’environnement à des enfants de milieux différents : des enfants handicapés, de milieux précaires et des jeunes un peu plus favorisés… avec des séjours snowboard, mais aussi pour leur montrer que venir de différents milieux, avec différentes problématiques n’est pas un problème… Mais signifie avant tout que l’entraide est une valeur qui compte dans la vie.
L’idée d’inventer et remettre au goût du jour des chaussettes de tennis années 70, c’est aussi une manière d’allier la musique avec l’accessoire paire de chaussettes. Pourquoi la marque se nomme « Marchill » ? « Mar » pour le prénom de son fils « Marcel » et « Chill » pour partage, décontraction (comme le mot en anglais qui a dépassé les frontières de la langue de Shakespeare).
Création originale de chaussettes par un néophyte du secteur de la mode et l'aide d'Internet pour trouver le confectionneur
Voici l’argumentaire dit aussi « pitch » des chaussettes Marchill : « De véritables chaussettes des McEnroe qui relient les 5 sens, qui ont une référence musicale et pour un partage culturel intergénérationnel ». En effet, celles-ci sont déclinées pour hommes, femmes et enfants.
Au début de l’année, Léo ne connaissait pas du tout le secteur de la mode, mais a eu la volonté d’apprendre et de comprendre ce secteur… Avec le vœu que chaque paire de chaussettes soit tissée avec un motif rappelant la musique et qu’elles soient fabriquées en France.
« J’ai recherché dans un moteur de recherche une entreprise en France capable de tisser un motif pour que les paires de chaussettes soient confectionnées en France ». Il a alors identifié l’entreprise Broussaud à côté de Limoges, spécialiste de produits chaussants, qui a tout de suite dit oui pour fabriquer cet accessoire.
Et le rêve devient réalité : la fabrication est bien française… avec un premier lot de chaussettes inspirées de l’œuvre de Gainsbourg, Jamiroquai ou encore des Beatles… Car le motif tissé (et non pas imprimé pour ne pas « partir au lavage ») fait penser à l’univers de ces artistes.
Du prototypage « à la main » au dessin numérique
5 prototypes ont été pensés et 11 modèles ont été dessinés ; au début, sur une feuille papier et coloriés à la main, photographiés et envoyés par iPhone. Puis, Léo a utilisé l'application AutoDesk Sketchbook sur Mac : un logiciel de dessin, en s’y formant seul. Objectif : envoyer un fichier aux formats tiff ou en pdf avec description du produit et les codes couleurs Pantone associés. Un challenge relevé avec passion.
Démarcher des boutiques, apprendre à communiquer sur Internet et à vendre avec un site
Le 15 juin, Léo part sur les routes de l'hexagone pour démarcher des boutiques désirant acheter ses chaussettes pour les vendre. La première se trouve à Hossegor : le concept store Loulou in the woods.
Il ne connait pas très bien la communication en ligne, mais il sait qu’il faut un site Internet afin que la marque soit visible et se fasse une place de choix auprès des distributeurs professionnels et du grand public. Avec un univers graphique esprit Surf, il conçoit seul un site sur Wix avec système de paiement Stripe… en 2 jours chrono durant un weekend.
Avec déjà un premier pas dans le e-commerce!
Le site se révèle en ligne (eshop) : Marchillsocks.com
Pourquoi faire un site Internet seul ? Car il préférait au démarrage investir dans la conception des produits plus que dans l’accompagnement pour faire un site ; un choix budgétaire réfléchi lorsqu’on démarre son entreprise.
Il lance aussi un compte Instagram : Marchillsocks , y publie de belles photos des chaussettes en situation avec des légendes invitant à commenter et à partager ses publications. Résultat gagnant : des boutiques à Quimper et à Carpentras vont le repérer pour lui acheter un stock de chaussettes.
Mode durable et responsable
Mais Internet n’est pas tout. Début octobre, il loue un stand de 6 mètres carrés sur le salon pro de la mode Impact de Who’s Next (Paris Tuileries). Il y rencontre des acheteuses du Japon et aussi sans doute une future alternante en communication et en marketing digital pour sa marque, car il veut aussi « apprendre en marchant ».
Cette présence dynamique au Salon lui a beaucoup apporté, lui qui n’est pas « de la Mode et de Paris ».
Oui, car si marque se veut 100 % française, elle est aussi écologiquement responsable avec :
- des produits élaborés sur un circuit le plus court possible ;
- sans aucun emballage plastique (c’est du carton qui a été choisi.)
- … et une partie des bénéfices de sa société ira alimenter l’association FlexiFamily précédemment évoquée.
Et pour l'avenir ? Internet au centre de la stratégie de développement de l'entreprise
Son souhait est d’embaucher des employés et de « kiffer ce nouveau métier pour en vivre ».
Au passage, il souhaite aussi consacrer du temps à créer une deuxième version du site Internet de la marque en facilitant le parcours client en ligne afin de gagner de nouveaux clients en France et à l'étranger et de leur faire découvrir ces collections.
Un bel objectif humain et entrepreneurial.
Licence etalab-2.0
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